On ne se mentira pas, ça c’est fait un peu vite tout ça. Pas l’année 2011, j’veux dire le résumé que vous vous apprêtez à lire. L’année elle, a été normale. En fait, je pense. Je ne suis pas un spécialiste. Peut-être que le temps accélère, mais ce n’est pas de ça que je veux parler, pas aujourd’hui. Allez checker le GRBM de Stephen Hawking pour ses choses-là.

J’ai encore une fois eu beaucoup de difficulté à sélectionner. Souvent y’en a quatre qui se méritaient une place d’emblée (j’aime beaucoup utiliser l’expression « d’emblée ») dans le top 5, mais la cinquième slot était beaucoup plus difficile à remplir. S’en suivait un épique combat entre les choses que j’aime pour savoir qui aurait ma faveur. Comme si une pizza et des cheeseburgers se battaient pour vous offrir leur amour éternel. Heureusement, cette question ne se pose plus, gracieuseté de la pizza aux cheeseburgers. Pourquoi je parle encore de ça?

Go. 2011. Des tops sans ordres, des tounes qui tuent des albums du top sans ordre, des tounes qui tuent d’album pas dans les tops, des shows, beaucoup de niaisage.

Top Albums

Karim Ouellet – Plume (Abuzive Musik)

J’étais là. Finale des Francouvertes 2011. Chloé Lacasse qui gagne devant Karim Ouellet et Canailles. Quoi? Ben non… J’veux dire… j’ai rien contre Chloé Lacasse… j’trouve ça plate, mais j’ai rien contre elle, mais là? Plus grande injustice depuis que la fois où le Géant Ferré avait battu Hulk Hogan pour lui prendre la ceinture de champion, mais que Hulk avait une épaule de pas au tapis, et que l’arbitre ne l’avait pas vu. J’veux pas m’embarquer là-dedans, la blessure est encore trop vive. (oui, je sais que j’en ai déjà parlé en 2007).

Faque Karim Ouellet yé bon, son disque est fou. C’est plein de soul pis de folk, pis un peu de reggae pis un peu de plein d’autres affaires. Il peut rapper, jouer de la guitare, écrire un toune d’amour, parler à ces fans en les appelant “Beubé”. Si ça se trouve, il est capable de faire un kickflip. Bravo. J’imagine que je suis un peu jaloux parce que je ne suis pas capable de faire ces choses-là. Mais je fais des vraiment bons potages et ça, à mes yeux, ça compte.

La toune qui tue: Météore. Il y a tout dans cette toune là. De l’urgence, du rock, un break attendu, du love. Tu me donnes du love, je te donne du love back.

Maybe Watson – Maybe Watson (Abuzive Musik)

Malgré ce que vous pouvez croire, il n’y a pas de méthodologie de travail officielle pour compiler mes records de l’année. Pas d’organisme qui contrôle les sélections. Pas de firme comptable qui supervise les résultats. Mais si c’était au nombre de lecture totale des pièces du disque (pas du disque, des tounes), l’album de Maybe Watson serait probablement premier. Parce que certaines tracks se sont retrouvées sur absolument toutes les playlists que je me suis fait post-juin 2011. Props, Les Gentils, PS, Mange un char, Peau de serpent, etc. Je ne me tanne pas de ces tracks-là. Les beats sont là, les textes sont là, mais aussi, le fun est là. C’est pas humoristique, c’est juste le fun. Les références, les constructions de phrases, c’est ça. Pis les verses de Koriass… man.

La toune qui tue : Comme j’ai dit, plusieurs m’ont obsédées, mais je dirais Props.

Bomb the music industry! – Vacation (Ernst Jennings)

Quand je trouve que je déconnecte de la musique de jeunes, pis que je rentre dans le moule de la société (SOCIÉTÉ !), je surfe un peu la toile pour aller voir des pages internet comme absolutepunk ou punknews histoire de savoir ce qui se trame de ce côté-là. Bomb the music industry! ramassait les étoiles et les pourcentages se rapprochant de 100 un peu partout. Pis j’ai compris. C’est bon. Oubliez le nom du band, c’est pas lourd-intense-trop-politisé… c’est plus du genre de indie-weezer-punk, où les bonnes tounes s’accumulent. L’album ouvre sur Campaign for a better week-end et je pense que ça résume bien le disque. Ouverture en piano mollo, transition punk, fin en sing-along. Je ne remercierai jamais assez tous les modems du monde de m’avoir envoyé chez Bomb the music industry!

La toune qui tue : Ça dépend de vos roots pis de qu’est-ce que vous aimez, moi je prends Vocal Coach.

Philippe B – Variations Fantômes (Bonsound)

Je ne sais pas si Philippe B était dans mon top 5 initial. Mais là on est le 15 décembre, il mouille à siau dehors, très peu en-dedans, j’écoute le disque à côté de la fenêtre et la météo vient de bumper Phillippe B de quelques positions vers le haut. Je suis très influencé par la météo. Et par les bonnes chansons. Et quand les bonnes chansons fittent avec la météo, il se passe des affaires. Je ne sais pas pourquoi ça fitte tant que ça. Tout est juste à la bonne place au bon moment. Textes juste assez poétiques, voix juste assez traînante, des arrangements (juste assez), et où d’autres s’enfargeraient à intégrer des boucles classiques dans les pièces, il le fait comme si ça avait été composé pour lui. Vraiment, ça marche.

La toune qui tue : C’est un bon disque. Ça se suit, ça s’imbrique. Écoutez l’album. Mais Nocturne #632 est vraiment pas pire.

The Rural Alberta Advantage – Departing

Ce disque là a commencé à rentrer dans mes disques de l’année avant que l’année ne commence. Décembre 2010, je les ai vu en show, c’était bon, ils ont joué des nouvelles tounes, elles étaient bonnes, j’avais hâte. Finalement le disque est sorti, il est bon, j’étais content, il est là. Ça me fait un peu penser à Neutral Milk Hotel… Si Neutral Milk Hotel était composé d’albertains… qui vivent à Toronto.

La toune qui tue : Two Lovers. Un c’est bien, mais deux c’est mieux. Voyez-vous comment j’intègre des slogans publicitaires dans mes commentaires. Je suis le 99%.

Top Chansons

Les Vulgaires Machins – Et même si (Indica)

Je suis un gars un peu nostalgique. Je pense que la meilleure année de ma vie était 1996 et que rien de pourra faire changer ça. Je fais juste passer le temps pour voir quelle année se rapprochera le plus de 1996. Donc j’aime beaucoup les chansons récapitulatives de carrière.(écouter aussi Te souviens-tu Jean-loup de WD-40) J’aime aussi beaucoup que dans le clip, sur la ligne « On a menti aux médias », c’est des images d’une émission pour laquelle j’ai travaillé pendant trois ans (R.I.P Volt), et que quand j’étais là, j’ai fait une entrevue avec les Vulgaires Machins.

Tyler The Creator – Yonkers

Ok, c’est gros ce que je vais dire, mais je pense que le hype de OFWGKTA est mort le jour où l’album de Tyler est sorti. Le temps où ils pouvaient être des petites frappes qui faisaient/disaient des niaiseries était fini, parce qu’ils embarquaient dans le même chemin que tout le monde (SOCIÉTÉ!). Mais cette toune-là est énorme.

The Vaccines – Wreckin’ Bar (ra ra)

Des fois, j’ai un peu 14 ans et je veux que la musique soit forte, vite, mais aussi pop et dansante. Cette toune là me l’a offert pendant 1 min 22. Et si c’est l’fun pendant 1 minute 22 ben c’est déjà ça de gagné. Y’a trop de “minute vingt-deux” plate dans la vie.

Egypto aka Toutankarton – Dans la lune

Cette track là vaut le prix de l’album (5$, pour une bonne cause, jeannarrache.com). Le beat est parfait, l’ambiance, les échantillons de découverte spatiale, mais surtout, la livraison du texte original (de Jean Narrache) et l’intégration de ses deux couplets (Egypto) se fait de façon tellement fluide qu’on croirait qu’ils ont écrit le texte ensemble, assis au parc, dans un espace-temps quelconque. Non Marty, je sais que ça ne se peut pas, mais on dirait.

Man Man – Bangkok Necktie

De loin la meilleur toune de rock de carnaval que j’ai entendu cette année. Je n’ai jamais vu de quoi ont l’air Man Man, mais j’imagine un groupe de forains qui joue sur des instruments multicolores. Un géant, une femme à barbe, un dompteur de lions, c’est ça que j’imagine. Je pense que je ne veux jamais les voir en show parce que ça ruinerait ma vision fantaisiste.

Top Shows

Portishead – Quai Jacques-Cartier

Granger: Vas-tu voir Portishead ce soir?

Moi: Nan…

Granger: Moi j’ai l’impression que si j’y vais pas, je vais rater quelque chose.

Je pense que Granger savait des affaires qui dépassent notre univers. Parce que tout était bon dans ce show là. Non, c’est pas vrai. À part la première partie, tout était bon dans ce show-là. Faisait beau, au mois d’octobre, dehors, le centre-ville de Montréal comme backstage, le fleuve au balcon. Pis Beth Gibbons. Beth. La voix précise comme Raymond Bourque dans ces belles années, incarnant à la perfection le mélange timide/bizarre/sexy-à-46ans. Mmmmm. Ça pis des projections folles et des scratchs sortis des années 1990. Vraiment.

The Sexareenos – Au sous-sol de l’église Saint-Édouard

Je ne sais pas si c’était tant que ça un bon show. Oui, les éléments étaient réunis, un sous-sol d’église où il fait 60 degré et presqu’autant d’humidex, du monde qui bodysurf, de la bière qui revole, un plancher dangereusement glissant de bière, de sueur, et/ou autre… Mais surtout, parce que j’ai toujours eu un acte manqué face aux Sexareenos. J’ai commencé à les écouter deux semaines avant qu’ils ne se séparent. Je me suis toujours senti comme le gars qui aurait découvert le Pepsi Crystal en 1994. Qu’il était toujours trop tard pour complètement assouvir mon amour de l’affaire. Pis là c’est fait. Merci.

Dixième anniversaire de Dare to Care – Locations variées

Quand l’annonce du Woodstock Dare to Care est sortie, je pensais que c’était un poisson d’avril (parce que je l’ai vu le premier avril). Pour 60$, tu pouvais voir 4 shows, une douzaine de groupes, pis il te donnait une paire de Converse. Faque j’achète une passe, et le lendemain, je reçois un email me disait qu’il y avait eu une erreur, parce qu’il nous avait chargé les taxes et que c’était 60$ taxes incluses. OK. Faque pour le 1/5 du prix que t’as payé pour aller voir U2, j’ai vu Les Frères Goyettes, Tricot Machine, Bernard Adamus, We Are Wolves, Jimmy Hunt, Panache, La descente du coude, Malajube, Socalled, (ouin, j’ai raté de dernier soir, mais j’aurais pus voir Lake of Stew, Avec pas d’casque pis le Husky) pis en plus j’ai eu une paire de converse. Est-ce que tu peux en dire autant Bono? Non, Bono, tu peux pas.

Caroline Keating – Divan Orange

Je le force un peu celui-là parce que j’ai vraiment juste vu la fin. C’était pendant Pop Montréal, un show d’après-midi, mais y’avait pas d’électricité au Divan Orange. Le gars à la porte nous dit que le show va commencer en retard, pis que si ça commence pas, il nous rembourse. Sauf que ça coûtait contribution volontaire, et que le gars avait l’air de se fier à l’honnêteté des gens pour les rembourser (échec). Faque on est allé niaiser aux tams-tams (histoire vraie), faire de la capoeira (histoire pas vraie), pis on est revenu un peu après. En arrivant, Caroline Keating était assise devant un petit piano droit, pas de micro, dans l’entrée du Divan. Le monde autour d’elle, éclairé par le soleil qui rentrait par les fenêtres. Je pense que j’ai pogné deux tounes et demies, mais j’ai beaucoup aimé les deux tounes et demies que j’ai pogné alors je l’écris ici, comme ça si elle lit ça, elle va peut-être le refaire. Ok Caro? Thanks.

Alaclair Ensemble – pour l’ensemble de son œuvre en 2011 (jusqu’à 2012)

Le collectif est tombé cet année dans le club très sélect des : « groupes-que-je-ne-compte-plus-le-nombre-de-fois-que-je-les-ai-vu ». Parce que d’un parc de NDG (où le show a fini en plein noirceur parce qu’il n’y avait pas d’éclairage) à la performance folle du Club Soda pendant le Coup d’cœur Francophone (la soirée Braveheart), je les ai vu souvent pis c’était tout le temps bon… et je pense… non, je ne pense pas, je dis que présentement, au Québec, c’est le meilleur show live que vous pouvez voir, juste avant le party des fêtes à Lapointe et Cavalia.

Je voulais aussi faire une catégorie « Meilleure référence à Kapuskasing dans une toune » et le prix aurait clairement été à leur pièce “Moule Graine”.

Top des restants

Pire première partie

Dans la vie, j’ai vu pas mal de shows et pas mal de premières partie. Des fois, la première partie vole le show (TV On the Radio avait volé The Faint) des fois, c’est Labiur. Aux Coups de cœur Francophone, en première partie d’Alaclair Ensemble. Enchaînant les frettes, la fille fait un genre de mélange entre Yelle et de la marde. Les beats sont répétitifs au point d’être aliénants et les textes sont deux coches en dessous d’insipides. Un exemple : « C’est une belle journée, parce que j’ai vomi, chez les voisins, hein, hein hein. » Pénible.

Meilleure toune qui pogne dans la tête

Days / The Drums

Cette chanson-là pourrait être dans un pub de char. Elle est juste assez rock, un peu ensoleillée, et tu peux l’écouter plusieurs fois avant d’être tanné. En fait peut-être qu’elle est dans une pub de char. Pis quand je dis char, ça peut être boisson gazeuse ou ordinateur. C’est le concept qui importe. Parce que quand j’ai écouté l’album pour la première fois, j’avais l’impression de déjà connaître cette toune. Soit qu’elle est dans une pub de char, soit qu’elle est bonne.

Disques que je n’assume pas complètement aimer

Adele / 21 (XL)

Cœur de Pirate / Blonde (Grosse Boîte)

En fait, j’aime vraiment beaucoup ces disques, mais chaque fois que j’en parle ouvertement, je me fais donner du « t’aimes ça????» (les nombreux points d’interrogation symbolise le jugement dans les yeux des gens). Fuck les jugements. C’est deux très bons records. Rolling in the deep est une solide chanson. Oui, Someone Like You me mets un peu à l’envers. Pour CDP, son duo avec Sam Roberts (Loin d’ici) est un putain de bonbon. Faque oui, maintenant, j’assume. Ça m’a fait grand bien d’en parler.

Disque que j’aurais voulu aimer plus

Malajube / La Caverne (Dare To Care)

TV On the Radio / Nine Types of Light (Interscope/Universal)

J’ai aimé les deux, mais on dirait que j’ai tellement aimé ce qui s’est passé avant, que j’aurais voulu être explosé sur ma chaise. Un peu comme quand j’ai vu le quatrième Indiana Jones… sauf que ces disques-là sont très bons, le quatrième Indiana Jones non. J’espère que Harrison Ford lit le GRBM pis qu’on va avoir un e-beef.

Disque que j’étais le plus content de retrouver en faisant mon résumé

Kurt Vile / Smoke Ring for My Halo (Matador)

Je pense que le pauvre Kurt a été victime du “disque sorti au mois de mars et redécouvert trop tard”, mais c’est cool, il est là quand même, et peut-être que si je refais mon top de 2011 en 2012, peut-être y sera-t-il. Mais je ne ferai pas ça… je vais continuer à écouter Jesus Fever par exemple… ça oui.

Ok 2011, that’s it. T’as pas été ma best, mais c’était cool que tu passes.

This post was submitted by François Lachapelle.